dimanche 7 février 2010

Le Maroc relèvera t il le défi de l’Etat régional ?

Le débat sur l’autonomie régionale, amenant à la création de la Commission Consultative sur la Régionalisation par le Roi Mohammed VI, illustre la dynamique à laquelle doivent répondre des politiques privilégiant les objectifs de paix et de développement dans un pays marqué par une croissance à double vitesse. Cet écrit tente d’éclairer sur les transformations qui mènent à la régionalisation, comme outil de réaménagement et de démocratisation de l’Etat, et sur sa place dans les interactions locales, nationales et globales d’un point de vue juridique et politique. Cette analyse érige l’autonomie du Sahara, une région contestée au pouvoir central, en dynamo de cette régionalisation que compte entamer le Maroc.
L’autonomie, une solution à l’inertie territoriale: L’espace est marqué par le triomphe du marché et l’universalisation de la gouvernance en tant que ressorts d’une globalisation dominée par la thématique de la «concurrence». Le territoire ne se cantonne plus dans le marquage des frontières, considérant que la mondialisation privilégie la notion de pertinence territoriale qui n’est plus décrétée par le «fait du prince» mais par des réalités diverses. Cette réalité envisage l’optimisation économique et la pacification politique au sein d’un territoire dont l’avenir s’inscrit dans une logique de compétition, d’homogénéité culturelle, de respect du processus historique qui consolide les «bassins de vie» et les biens de nécessités. Un avenir dans lequel l’Etat tente d’équilibrer entre souveraineté nationale et autonomie régionale. Considérant qu’il n’y a pas d’échelle optimale pour le développement, on a fait appel au «projet» qui rassemble autour d’une coopération entre politique et économique afin de dégager les contours d’une «région de fait» qui prépare l’avènement de la «région de droit». Par exemple Tanger Med participe à la reconfiguration de la méditerranée en propulsant l’aménagement du nord du Maroc. Le flux humain et les infrastructures aideront à l’autonomisation de cette région dotée d’une forte spécificité culturelle, qui se doit d’intégrer les populations à des ordres homogènes, de rendre possible la complémentarité des ressources et raccorder les espaces enclavés, de s’affranchir des velléités sécessionnistes. Ainsi le Maroc a formulé une proposition d’autonomie pour le Sahara auprès de l’ONU afin de résoudre un conflit qui se rapproche de quarante années d’existence. Cette voie constitue le moteur de la concrétisation de la région dans l’agenda décisionnel, permettant au Maroc de passer d’un Etat-national à un Etat régional. La question du Sahara commence à partir de sa colonisation par l’Espagne en 1884. Le Maroc en a réclamé la souveraineté depuis 1956. L’Algérie, soutenant son indépendance, veut négocier ses frontières avec le Maroc qui, appuyé par l’avis consultatif de la CIJ de 1974, récupère son territoire. Le Polisario naitra et proclamera la RASD, un Etat non reconnu qui conteste militairement l’administration marocaine du Sahara. Une ébauche de solution a vu le jour par l’acceptation de l’autodétermination. Face aux difficultés du recensement et à la notion même du «peuple sahraoui», l’idée de l’autonomie à l’intérieur du Maroc s’est dégagée en 2001, reprise de la proposition castillane de 1974 qui visait l’autonomie du Sahara au sein de l’Espagne. Cette voie affrontera l’opposition de l’Algérie et du Polisario et sera reformulée par le Maroc en 2007. Elle permettra une négociation entre le Maroc et le Polisario, même si selon les opposants à la proposition marocaine le principe d’autodétermination est une simple option parmi deux autres (indépendance/annexion). Toutefois l’autonomie reste une manifestation de l’autodétermination du moment qu’elle est soumise à référendum sous le couvert du droit International et bénéficie d’un historicisme qui reconnait la région bien avant le protectorat. Le seuil régional sera mis en œuvre en 1971 comme périmètre prospectif d’un développement économique pensé au centre de l’Etat qui ne donne aucun pouvoir aux collectivités régionales. L’autonomie sera acceptée suite au discours du Roi Hassan II en 1984 et la loi du 02/04/1997, inspirée des réformes constitutionnelles de 1992 et 1996, qui hissera la région d’une instance consultative à une institution dotée de prérogatives.
Les termes du Modus Operandi: Dans l’autonomie il est question de garantir l’indépendance de la région relativement au régime actuel de la décentralisation par une réforme constitutionnelle elle-même soumise à l’opération référendaire. C’est une garantie qui protégera le devenir de l’autonomie et déterminera la confiance entre les parties par le contenu de la proposition qui rendra plus attractive la position marocaine. Dans ce sens le point 5 de la proposition stipule que «les populations géreront démocratiquement leurs affaires à travers des organes législatifs, exécutifs et judiciaires». La question du corps électoral sera encore posée pour l’élection du parlement régional. Afin de rendre la proposition convaincante, la garantie d’une représentation effective des sahraouis devra être envisagée aussi bien au niveau du référendum que des institutions régionales, même si les populations vivantes actuellement au Sahara rendent minoritaires les «ethnies» concernées par l’autonomie. Ensuite la relation entre l’institution monarchique, le gouvernement régional et les instances nationales est à concevoir au niveau des pouvoirs et des domaines de compétences. Le pouvoir judiciaire, en tant que garant de la convention et de la justice, participera à la protection de l’autonomie par un contrôle des pouvoirs à posteriori et l’instauration d’une Haute Cour Régionale. Indépendamment des compétences qui seront attribuées à la région, les relations extérieures éclaireront sur le degré d’avancement de l’autonomie. La région sera donc amenée à formuler des avis quant à l’action extérieure de l’Etat et animer des «coopérations décentralisées» comme en témoigne celle du Souss avec les Canaries ou Tanger Tétouan avec la région PACA française. Enfin l’ensemble de ces compétences ne peut s’exprimer sans autonomie financière, assurée par le Maroc qui veut «doter le Sahara de ressources financières nécessaires à son développement». Il s’agira de fonds propres, dont l’impôt et les contributions établies par la région, et de ressources perçues par l’Etat sur la base du principe de solidarité nationale. L’autonomie financière n’aura de sens qu’accompagnée d’une autonomie exécutive au niveau des dépenses et implicitement d’un pouvoir administratif indépendant du centre.
Les contours nationaux du processus de régionalisation: L’autonomie se différencie de l’indépendance par la relation entre la région et le centre qui en représente la limite, ou que la première soit un élément puissant de l’identité nationale et de la nature du régime comme en témoigne la place du Sahara au Maroc. Ainsi le pouvoir régional est il limité dans le sens où l’intérêt de la région ne doit pas empiéter sur l’unité nationale et les compétences étatiques? Au niveau politique cette limite préserve le retour d’une configuration tribale qui avait perturbé l’Etat en l’exposant aux velléités coloniales et qui se perpétue aujourd’hui dans l’apparat moderniste des institutions marocaines. En droit elle répond aussi bien au principe d’égalité des régions qu’elle ne pose la question du principe de subsidiarité. Dépendamment des modèles de régionalisation la priorité sera attribuée soit à la norme ou à la décision la plus adaptée à l’intérêt régional, soit à l’intérêt national qui justifiera l’intervention de l’Etat pour notamment préserver ses compétences. L’Etat régional sera tenté d’élaborer des lois qui permettent un droit de regard du pouvoir central excluant l’approche dogmatique de la notion de «compétence exclusive de la région autonome». Considérant que certains points, comme l’état d’exception ou le pouvoir de dissolution, peuvent avoir une incidence sur l’existence de l’Etat régional, ces contrôles, et par conséquent la constitution, devront être au centre des négociations afin d’écarter la méfiance des parties adverses. La logique de la tutelle devrait donc céder la place à une approche partenariale dans les rapports entre le centre et la région, notamment par des contrats Etat/région qui sont expérimentés en droit français.

C’est à l’intérieur de ces engagements et de ces difficultés que le Maroc trouvera la voie de sa mutation en un Etat régional démocratique via un modèle d’autonomie spécifique qui permet l’émergence d’un territoire économiquement pertinent et politiquement viable. On assistera à l’émergence d’un nouveau droit des territoires qui écarte les mécanismes traditionnels d’aménagement généralement soumis à des considérations ethniques ou tribales. Le Maroc gagnerai à renforcer son territoire au sein de l’ordre concurrentiel mondial et permettre le démarrage du Maghreb en tant que force continentale au sud de la méditerranée. Il se heurte toutefois à ses contradictions, à savoir l’amalgame entre pragmatisme d’Etat, patriotisme et chauvinisme, qui hypothèque la mise en œuvre d’un projet qui inciterait les parties à y adhérer.

dimanche 13 septembre 2009

La gauche unitaire, solution alternative au choix néolibéral/conservateur

Depuis l’avènement du Roi Mohamed VI au pouvoir, le débat unitaire muri au sein de la gauche, notamment à l’USFP qui avait sacrifié ses positions, ses militants voire certains de ses fondateurs, pour être aux normes d’une participation parlementaire et gouvernementale de façade qui remonte aux lendemains de la grève générale de 1981. Cette participation, à défaut de pouvoir concrétiser les attentes populaires, lui a coûté plusieurs divisions qui l’ont transformé en un parti quasi-administratif voire féodal, prêt à des alliances contre nature. Cette mutation a amené à l’émergence de l’Alliance de la Gauche Démocratique (PADS-CNI-PSU) en tant que démarche de rassemblement qui revendique le combat authentique de l’Ittihad. L’absorption du PSD par l’USFP a aussi renforcé l’approche unitaire par l’élaboration d’un dialogue entre les composantes du progressisme. Plusieurs intellectuels des différentes formations et des courants à l’interieur même de l’USFP, tels les «nouveaux socialistes» et «l’eveil du peuple de gauche», appelent à la réunification sur des bases politiques et militantes. La conscience de l’unité ressemble de plus en plus à un acquis grâce aux luttes syndicales et revendicatives, au mouvement des droits de l’homme, aux actions symbôliques et à la convergence idéologique. Il serait donc opportun de participer à la lecture du fond mobilisateur de la dynamique unitaire en ce début de siècle, en ce changement de règne, au-delà des différentes hésitations, déceptions, compromissions ou fondamentalismes divers. Ainsi la gauche marocaine continuera-t-elle de revendiquer le socialisme? Va-t-elle prétendre à une forme de nationalisme par opposition au conservatisme et au néolibéralisme? Est-elle en mesure, à l’instar des lumières face à l’obscurantisme du clergé, de représenter l’alternative au delà des pesanteurs qui aliènent sa renaissance? Le socialisme veut l’exercice des libertés par une articulation entre l’individu et «une société où le développement de chacun sera la condition du plein épanouissement de tous» (Karl Marx). Les socialistes luttent pour ces libertés et savent que cela ne peut se faire que par l’action collective et un ensemble d’institutions politiques. Mais qu’est-ce qu’être socialiste aujourd’hui? Avons-nous un rapport critique envers le capitalisme? Quelle est la place de la nation dans la mondialisation? Que faire par rapport à l’individualisation de la société? Ces questions participent à la mise à jour du socialisme qui se fera en référence aux valeurs de liberté et de justice, en protégeant la majorité contre la pauvreté. Face à ce défi, les partis de gouvernement sont à la marge de l’histoire, considérant qu’ils luttent dans des conditions nouvelles et réduisent le combat à l’existence au sein d’une marge électorale qui confirme la domination du marché sur le politique. Aussi, dans l’objectif d’améliorer la condition humaine et de protéger le travail du capital, les socialistes ne sont plus confrontés à un capitalisme industriel dans lequel «on prend l’usine et on discute à posteriori», mais à un capitalisme dominé par l’économie virtuelle. La révolution technologique a bouleversé la production, la consommation et la communication et amène à des redéploiements socio économiques et politiques ; la montée des continents économiques ouvre des marchés aux pays développés et maintient une faiblesse salariale dans les pays en voie de développement qui est la seule attraction de la délocalisation. Les socialistes, qui ont présenté des stratégies de rupture et de réforme pour la transformation des sociétés, devront reconsidérer les compromis du lendemain de la chute du bloc de l’est. L’idée que le socialisme négociait «la menace rouge» avec le capitalisme pour imposer sa réforme est défnitivement obsolète. Nous devons alors définir une nouvelle vision du Maroc dans le monde au delà de notre opposition au conservatisme et au néolibéralisme etdans une réalité qui demeure foncièrement féodale dans notre pays. En rappelant qu’une doctrine socialiste a marqué le Maroc par les documents «option révolutionnaire» et «rapport idéologique», le débat unitaire devra, dans la continuité de cette littérature, être en phase avec son temps. Le socialisme gagnerai donc à être pensé, outre la question environnementale, à travers le triptyque « Individu/Marché/Nation ». Quel est donc la place de l’Individu dans la pensée socialiste? quel est notre rapport actuel au Marché? l’Etat nation est-il un outil de libération politique?

L’Individu comme objectif ultime du socialisme : Nous ne partageons pas la conception libérale qui ne voit dans la société qu’une somme d’individus en concurrence qui traitent le socialisme de «maladie du siècle» (Freidrich Nietzche), mais une société dans laquelle la modernité doit être assumée par la collectivité. Le socialisme est l’héritier sinon le dépassement du libéralisme dans les domaines socio-économiques et démocratiques, malgré qu’un individualisme égoïste s’est répandu avec la «contre-révolution» des années 80 (plusieurs Prix Nobel ont été décernés à des économistes néolibéraux). La matérialisation de l’individu a produit la démobilisation et les inégalités auxquelles s’oppose une résignation collective qui réduit la lutte sociale à une simple revendication moralisatrice. Cette demande témoigne d’une désagrégation nationale en faveur d’un glissement conservateur de notre société. Les socialistes devront alors préciser la relation entre l’émancipation individuelle et les déterminismes sociaux et approfondir la réflexion sur l’état de l’individu par rapport à la marchandisation de la société et au besoin de sens.

Le rapport critique au Marché : Ayant tiré les conséquences des économies administrées, la question du marché renvoie aux choix des socialistes qui ont accepté les libertés économiques. Ils ont toutefois conscience que le Marché doit être organisé et basculer au profit de la majorité afin de privilégier le travail sur le capital par la protection des espaces de cohésion, à savoir l’éducation, la santé, la culture, l’information et l’attachement à la gratuité et à la qualité des services et des équipements publics. Les socialistes sont conscients que le marché conduit à des dysfonctionnements qui débouchent sur des crises ravageuses. C’est pourquoi la maîtrise de l’économie devra aller dans le sens de la primauté des droits humains sur les valeurs du marché qui tend vers le monopole et la domination de l’économie virtuelle. Le retour de la nation, en tant que facteur de stabilité, pourrait ainsi apporter une réponse à la mondialisation, dont celle du système financier, et mobiliser l’action de la gauche.

L’Etat nation socle du socialisme démocratique : Les socialistes se distinguent par leur attachement à la Nation qui rassemble et construit l’avenir relativement aux perversions communautaristes. C’est la référence pour la plupart des peuples en tant qu’environnement d’appartenance, d’identité, de développement et de protection sociale. Prévoir le déclin de l’Etat-nation était occulter sa capacité de transformation par les biais de l’élargissement et du réamenagement territorial qui endiguent les différentes fractures. C’est l’expression d’une citoyenneté diversifiée par l’exercice des libertés et de la solidarité, l’espace d’enracinement de la démocratie, l’environnement dans lequel s’exprime «l’Etat de droit et du développement» qui cristallise les interactions entre le local, le national et le global.

Les socialistes devront répondre aux questions politiques, socioéconomiques et environnementales d’aujourd’hui. La perspective d’un horizon nouveau pour la gauche démocratique doit dépasser cette fin de cycle marquée par l’échec de l’idée de «transformer de l’intérieur» imposée par la gauche gouvernementale depuis un quart de siècle. Le passage d’une gauche plurielle à une gauche unitaire est donc impératif pour réussir le renouvellement de la gauche en tant que troisième voie dépassant le clivage néolibéral/conservateur.

vendredi 31 octobre 2008

La refondation de la mondialisation nécessite un retour de l’histoire

Dans la crise que traverse la mondialisation, les analystes néolibéraux ont troqué la rigueur scientifique par l’argumentaire militant et confirment que l’intervention de l’Etat est responsable de la situation économique mondiale. Une chose est sûre, c’est que l’objectivité est confrontée à une réflexion déterministe qui confirme que l’interventionnisme s’inscrit dans une logique non-économique. Ce faux postulat est une conséquence de la période post-bipolaire qui a décrété l’organisation capitaliste des sociétés. Les abus qui ont accompagné « cette vérité », tant aux niveaux géopolitique qu’économique, ont véhiculé certains biais qui ont construit l’illusion de la nocivité de l’Etat jusqu’à l’appel à son démantèlement. Le fond du clivage, lié à la problématique de la concentration de la richesse, à savoir la traduction du monopole par la collectivisation ou l’individualisation du capital, a évolué vers le débat du plus ou moins d’Etat ou de marché, laissant aux deux institutions le soin de répondre aux lectures déterministes de l’histoire. Toutefois, le libéralisme comme le nationalisme ont un rapport critique envers l’Etat et le marché et débattent sur les clauses de convergence de ces deux domaines de régulation. Le recul de l’Etat a permit la financiarisation du capitalisme qui déplace le capital d’une économie réelle vers une économie virtuelle. Partant des mécanismes productivistes à la spéculation sur les valeurs mobilières, l’économie a généré des codes de fonctionnements qui évoluent au sein d’une bulle financière, dans laquelle la juste valeur du produit occupe une position marginale dans l’évaluation du prix et corrompt l’équilibre naturel entre l’offre et la demande, au-delà des interférences que peut générer la fluctuation naturelle du coût de production. Dans ce que vit l’économie mondiale, les USA ont une responsabilité qui dépasse les considérations militaires qui orientent les liquidités vers des gouffres budgétaires et renforcent la zone euro par l’adhésion des pays émergents. La déstabilisation du système économique, qui a commencé par la première crise boursière survenue après la chute du mur en 1997 (Faillite de la Russie et dépression du Sud Est asiatique), est le fait d’une politique américaine mêlant finance et géopolitique. Dans la crise actuelle, la variabilité des taux directeurs établis par la Fédéral Reserve, pendant le mandat d’Alan Greenspan, notamment en réponse aux crises du logement, a démontré les conséquences négatives du désengagement de l’Etat : les garanties publiques tacites couvrant les prêts immobiliers ont instauré la marginalisation du « risc managing » au sein des banques et mis en place la titrisation qui transfert le risque réel aux banques étrangères et l’inscrivent dans la virtualité économique. Ces cheminements ont sur-estimés la capacité de remboursement des crédits et extrait l’hypothèque de sa réactivité au marché de l’immobilier, causant par conséquent la crise des « subprimes », la faillite des ménages et par ricochet celle des banques (le cas de la Lehman Brothers). Ajoutant à cela le processus de dépénalisation de la vie économique qui influence le ratio-légis de l’ordonnancement libéral, le moins-d’Etat est donc clairement responsable du déclenchement de la crise financière. Toutefois, provoquant un « effet domino » allant de l’économie réelle aux enjeux politiques en passant par la question sociale, cette crise ramène l’Etat au centre de la régulation financière, place le politique en priorité par rapport au marché et œuvre pour le « retour de l’économie ». Ainsi la responsabilité de l’Etat est liée à son recul et non à son omniprésence dans les marchés, considérant la marge spéculative qui a remplacé l’absence de l’institution dans la régulation des intérêts collectifs, notamment illustrée dans le doublement du prix des matières premières causé par la bourse de Chicago et le « free ride » énergétique qui déclenche une insatisfaction alimentaire mondiale (25% de la production mondiale du maïs est dirigée vers l’industrie du biocarburant). La « banqueroute » des institutions financières est donc venue dénoncer les contradictions de la dérégulation et lever les soupçons d’irrationalité jetés par le marché sur l’Etat et même confirmer sa logique strictement économique : dans cette crise du capitalisme, qui n’apprend pas de ses difficultés cycliques depuis 1929 (le plan de sauvegarde du système financier de 1933, la gouvernance financière mondiale à l’issue des accords de Bretton Woods), les nationalisations forment une opération financière qui bénéficiera aux Etats dans le rachat de banques et d’assurances en difficulté, au-delà du rôle de sauvegarde du système financier (le Plan Polson) et de contre pouvoir à la concentration individualiste du capital. Le retour de l’Etat en économie confirme qu’entre le néolibéralisme, imposé par le discrédit du communisme, et le schéma soviétique, d’autres modèles sont possibles pour la déconcentration des richesses. D’une part la crise financière a confirmé le rôle de l’Etat dans la régénérescence même du capitalisme et le rétablissement d’une approche réelle et institutionnaliste de l’économie. Une gouvernance mondiale au niveau des politiques de concurrence, qui harmonise les législations étatiques et régionales (Clayton et Sherman Acts aux USA, la loi NRE en France et le dispositif européen), et de redistribution, est nécessaire à la résorption des crises et à la refondation de la mondialisation sur la base de mécanismes de décentralisation économique. L’encouragement public du tissu industriel de moyenne dimension, seul bassin durable de l’emploi, par rapport aux multinationales qui ne peuvent se maintenir dans la concurrence spéculative que par des politiques sociales restrictives, rétablit les équilibres financiers et les solidarités territoriales. D’autre part le besoin de déconcentration du capital et du travail est confirmé par l’évolution des espaces d’influence qui caractérisent l’architecture multipolaire de la nouvelle géopolitique mondiale. Le retour de la Russie, l’éveil de la Chine, la présence économique indienne, le nationalisme latino-américain, l’esquisse d’une politique étrangère européenne, la conscience méditerranéenne, la réorganisation rationnelle du sous-sol africain, la révision des enjeux militaires américains, instaurent un nouvel ordre mondial qui rétablit le clivage entre nationalisme et libéralisme et confirme un certain retour de l’histoire.

jeudi 23 octobre 2008

Lettre à M. le Ministre de la Justice du Maroc

La devise officielle du Royaume du Maroc est "Dieu, Patrie, Roi". Un lycéen de Marrakech, supporter du FC. Barcelone, a écrit au tableau de sa classe "Dieu, Patrie, Barça". Il fut poursuivi pour atteinte au respect dû au Roi par le Parquet de Marrakech.

Voici une lettre adressée au Ministre de la Justice du Maroc.

Cher Monsieur,

Un enfant, n'ayant pas acquis sa majorité, est victime de cet opium populaire qu'est le football. A défaut de pouvoir construire son identité à travers des repères nationaux que vous étiez censé véhiculer, Monsieur le Ministre, cet adolescent existe à travers ce qui lui parait de plus civilisé, de plus moderne et de plus puissant, le Football Club de Barcelone.

Un adolescent d'Anfa ou des quartiers huppés de Bayrout aurait tatoué "Barça" dans son biceps voire acheté la tenue officielle du club lors d'un passage par l'avenue Diagonal de Barcelone. Ce môme de sidi youssef benali ou de daoudiate, qui a choisi le Barça au lieu d'Alqaïda, a éventuellement commis le comble de l'hérésie en confondant, volontairement, une constante de la nation avec son équipe de foot favorite. N'y a t il pas une expression d'allégence subtile? Une façon d'exprimer la supériorité du club en le hissant au même rang que le Roi dans sa hiérarchie imaginaire?

Monsieur le Ministre, vous n'êtes pas juriste certes, mais le Parquet doit l'être et c'est de votre sceau de l'imposer.

Une infraction se constitue de ce qu'on appele l'élément intentionnel. Ce mineur a t il eu l'intention de manquer au respect dû au Roi? était il déterminé pour le faire? quels sont les éléments objectifs dans cette affaire qui associent, dans une approche comparative, le Roi et le Barça dans l'imaginaire de ce jeune lycéen? le fait de traverstir la devise nationale, qui doit avoir sa propre qualification dans le code pénal, doit-il systématiquement être interpértée comme une atteinte à la propre personne du Roi? Est ce que la présomption d'innoncence, dans sa plus grande nuance dans le cadre des mineurs, est elle établie dans cette poursuite, alors que la détention provisoire a été maintenue?

Monsieur le Ministre, vous n'êtes pas juriste mais vous devez avoir le sens des formes. Est ce que politiquement ce genre de poursuites sert-il la Justice, Sa Majesté ou la Nation? c'est le verdict populaire qui vous répondra...et en silence certainement !

Omar Mahmoud Bendjelloun

mardi 19 août 2008

Le Monde Musulman se dirige-t-il vers un « ordre islamique » ?

Contrairement à l’occident, c’est la religion, ciment sociologique d’une population cosmopolite, qui édifie l’architecture de l’Etat-nation en territoire musulman (dar al islam). Révolutionnaire par rapport aux circonstances de son avènement, l’Islam élabore une approche dualiste dans l’organisation des croyants : Une relation verticale entre les populations et le créateur, basée sur la communion et la justice, et un rapport horizontal, fondé sur le «droit des gens», entre les composantes de la société. Ce schéma devient un modèle d’organisation multidimensionnel qui dissout le communautarisme dans la «oumma». Confronté à la colonisation, le «monde musulman» a connu les premières tensions d’ordre philosophique qui, en représentant les indicateurs d’une bonne santé civilisationnelle, provoquent un dédoublement entre l’Etat-nation et le modèle impérial. L’origine de ce conflit est la réaction d’une identité à l’égard des «valeurs de l’occupant», considérant que les mouvements de libération se sont appuyés sur l’Islam à défaut de s’inscrire dans un processus idéologique historicisé. Ainsi l’élaboration d’une synthèse doctrinale associant les influences modernistes est restée sensible à l’idée transnationale sans atténuer les contradictions de l’organisation sociale. Au niveau de l’opinion, acquise au slogan de «l’indépendance d’abord», aussi bien le marxisme que le fondamentalisme, les branches philosophiques que les disciplines de théologie, ont eu des incidences sur la classe intellectuelle. Au niveau de la gouvernance, «l’Etat moderne» est confronté à l’ordre musulman, considérant que l’influence légale-rationelle au sein des consciences collectives se confronte aux espaces traditionnels débarrassés de la pensée musulmane. L’affrontement entre deux paradigmes amène à la conclusion suivante : L’illégitimité de l’«Etat occidental» aux yeux des populations et la non-conformité des structures coutumières à l’ordre politique mondial ont secrété une sclérose qui a nourri l’idée de l’échec des indépendances. Le contexte bipolaire, qui a imposé la distinction entre régimes socialistes et pro-occidentaux, a fait de l’abdication des armées arabes face à Israël, de l’intervention soviétique en Afghanistan, de la révolution iranienne ou même du génocide bosniaque, autant d’évènements qui ont accentué la crise existentielle musulmane qui s’alimente d’une transposition émotionnelle sur la réalité du sous développement. Ainsi le nationalisme arabe se transforme en «panislamisme» dans le territoire musulman, espace méditerranéen historique qui s’étend de l’Atlantique à l’Iran. Dans cette délimitation, la prise en compte des connexions théologiques, politiques et armées est nécessaire à la compréhension de ce processus. Selon chacun des pays arabes, au pouvoir comme à l’opposition, les mouvements fondamentalistes, courroies de transmission du «nouvel ordre musulman», furent appuyés par l’ «occident» qui assumait une «guerre contre le communisme» : Le Hamas contre le Fatah ou le FPLP, les Talibans contre l’armée rouge, les frères musulmans contre Nasser, la «jeunesse islamiste», organisation fondatrice du Parti Justice et Développement, contre la gauche marocaine etc. Les guerres du Golfe, caractérisant le début du nouvel ordre mondial et la chute du communisme, incarnent une seconde «Nakssa» et l’ébauche d’une structuration de la nébuleuse islamiste qui bénéficie d’un héritage logistique et relationnel légué par les USA. Le conflit qui plaçait le marché et le nucléaire au centre de la priorité s’est transformé en guerre énergétique déclarée sur un fond de tension religieuse. Le passage du bipolarisme à la globalisation a donc incité le fondamentalisme à se structurer sous forme d’une organisation transnationale à caractère polycentrique, véhiculant un horizon particulièrement complexe : Procédant à un renversement par l’adoption de l’anti-américanisme comme instrument d’agitation de l’opinion et en s’appropriant la légitimité religieuse, le fondamentalisme investit l’espace du sous développement en se hissant au rang «d’entité politique» et en provoquant certains bouleversements importants : Alors que toute transformation politique a eu son «fief révolutionnaire» (le Yenan de Mao, Médine du Prophète Mohammed), le fondamentalisme affiche un éclatement prémédité qui met en cause les canons de la stratégie politique et militaire. Ayant tenté le régicide contre les USA à travers les symboles de sa puissance, le fondamentalisme veut donc réagir au nouvel ordre mondial par un «ordre islamique» au sud de la méditerranée. La standardisation de l’opinion musulmane, la capacité d’action subversive, les connexions financières, tribales et politiques avec certains régimes arabes, démontrent qu’il y a une forme d’allégeance à la poussée islamiste comme issue illusoire à la réalité socio-économique et politique du monde musulman. Par conséquent, l’acceptation du «panislamisme» parmi la population pourrait amener à l’effritement progressif de la légitimité des modèles étatiques en voie de démocratisation. Dans un éternel essai de «maîtriser» le texte et d’aliéner le droit de l’Islam à s’ouvrir à la science, le fondamentalisme construit une conscience qui favorise la rupture de la religion avec sa dimension interprétative et l’oriente vers un formalisme moralisateur. Les positions politiques des régimes en place, relativement à l’équilibre entre modernité et tradition, au processus démocratique, aux causes arabes, aux sécrétions institutionnelles liées à la corruption et à la crise des valeurs, font que les notions «d’unité musulmane» mettent ces régimes devant leurs responsabilités. Pris entre le processus unitaire de l’Europe et l’union méditerranéenne qui récupère l’entrée de la Turquie dans le «vieux continent», les Etats musulmans paraissent en décalage par rapport aux conjonctures continentale et mondiale. L’inaction des institutions régionales et l’incapacité de libérer les espaces économiquement pertinents (Maghreb, Monde Arabe) appuie le fondamentalisme dans la mise en place des conditions de construction de l’«ordre islamique» en s’organisant sous une forme d’action binaire : D’une part des groupuscules prônant le «salafisme» comme idéologie et mobile d’action ; et d’autres part des partis et des associations, n’ayant pas de liens apparents avec le terrorisme, qui agissent dans les marges démocratiques mises en œuvre par les courants modernistes. Le fondamentalisme pénètre ainsi les institutions, la jeunesse, les espaces de solidarité en préservant son outil de pression armé face aux idéologies concurrentes (démocratie, état de droit, socialisme, libéralisme). Le front légaliste du fondamentalisme étouffe ainsi l’évolution des pays arabes vers l’«Etat de droit», notamment par la provocation de réactions policières de l’Etat, mais essentiellement par la présentation de l’Islam à l’examen de l’urne. Préparant les conditions de radicalisation de la société, l’opération électorale devient un référendum qui met à l’épreuve l’adhésion du «peuple musulman» à sa propre religion, dont le rejet serait considéré comme une hérésie. Le fait que le wahhabisme a pu intégrer le culte officiel, que les courants progressistes connaissent un recul doctrinal et que les mouvements fondamentalistes se substituent au pouvoir dans plusieurs secteurs de la vie publique, le «monde musulman» compose ainsi avec le risque d’une réaction violente à l’égard du sous-développement par une population peu rompue à l’idée démocratique. Cette « bombe à retardement » est accompagnée d’une idéologie de la résignation qui s’inscrit dans l’objectif de dénoncer l’ordre établi par une forme de désobéissance civile (Qawma dans la terminologie fondamentaliste). Alors que la population fut marquée par un espoir d’émancipation suite aux indépendances, l’islamisme politique, même en perte de vitesse dans le rapport de domination international, a pu accélérer l'adhésion collective au fondamentalisme dans une réalité qui pèse sur la capacité de résistance des populations, et qui place la thèse du «nouvel ordre islamique» dans une approche prospective.

dimanche 20 avril 2008

Aimé Cesaire et la négritude

La mort d'Aimé Césaire, le poète et homme politique martiniquais, a bouleversé la francophonie. Pour ma part, c'est à la faculté de droit de Nice qu'un ami, doctorant en littérature, m'a sensibilisé sur cet homme de lettres engagé, et a pu naturellement attirer mon adhésion au discours "anti-colonial" de celui qui a élaboré la notion de "négritude". Acolyte de Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire était de ceux qui ont rendu la dignité au "peuple noir". Sans véhiculer une idéologie extrême à ce sujet, comme l'aurait prôné les "panthères noires" ou encore les révolutionnaires africains, ce poète de la dignité a imposé le débat, intelligemment, sur le déficit de l'humanité quant à l'homme africain. Alors que l'esclavagisme, l'épuration, le colonialisme, le racisme, le mépris ont dominé ces populations, alors que d'autres font le commerce du pardon et de la victimisation, Aimé Césaire était de ceux qui ont influencé les consciences dans le sens de la réalité historique et sociale noire en donnant vie, à l'intérieur du monde occidental, aux valeurs des droits humains. "La négritude c'est le droit d'être noir", ou encore la conception mobilisatrice unitaire des populations noires qui ont connu une migration à marche forcée ou choisie. Aimé Césaire, qui disait dans son "texte anticolonial" que "toute civilisation qui ne maîtrise plus ses modes de fonctionnement est vouée à la décadence", fut à la recherche d'une civilisation noire...et trouvera éventuellement le juste mot pour décrire une autre civilisation géographiquement limitrophe, la civilisation arabo-musulmane.

jeudi 10 avril 2008

La jeunesse 40 ans après mai 68

La démocratisation c'est l'intégration de la liberté et de la justice dans les relations politiques, économiques et sociales des jeunes avec le restant des hommes. Le fait de saisir son destin en tant que classe, de combattre l'oppression avec courage ou de confirmer son attachement à l'évolution vers la démocratie, fut-il un acte d'ensemble issu d'une philosophie à utopie prononcée ou la réaction d'une jeunesse par rapport à un conformisme hérité d'une organisation sociale inadaptée au développement de la pensée? La jeunesse a répondu, durant ce siècle, par une spontanéité invitant l'observateur à élaborer différentes conclusions, ne pouvant éviter celle qui confirme que la nature, sinon le déterminisme, hisse les générations qui se lèvent au rang de conscience de l'humanité. Parmi les différentes interprétations, cet enthousiasme anti-conformiste s'est manifesté par l'action en faveur de la démocratie. Instituer la démocratie, c'est réussir le fait que les hommes puissent tracer eux-mêmes la règle commune de leur action, conciliant la liberté et la loi, le mouvement et l'ordre. C'est de faire en sorte que, malgré les tares d'une histoire non commune, d'une mémoire peu collective, les gens puissent croire en une loi commune, ne cherchant jamais dans une dictature une trêve et un lâche repos. Instaurer la démocratie, c'est proclamer que les citoyens auront assez de liberté et d'espoir pour s'occuper de la chose commune. Et si cette démocratie voit le jour à travers des régimes répressifs, c'est que nous assurons le postulat de son adaptation aux conditions d'un monde qui se globalise au prix de ne point prendre en compte l'évolution parfois anormale des peuples. Oui, la démocratie est un grand acte de confiance et en même temps d'audace, de sacrifice et de courage. L'essai en était si audacieux que les jeunesses, il y a quelques décennies à peine, ont révolutionné le monde en écartant l'idée de la fin de l'Histoire. Que serait donc notre réalité sans le printemps de Prague, le 22 mars 68, la résistance palestinienne, la révolution cubaine, la chute de l'Apartheid et ces moments où la jeunesse a influencé le cours de l'Histoire? Ce ne fut ni des rêves idylliques ni vains, mais une foi en la justice, issue d'une idée construite sur un sentiment d'injustice qu'on veut dépasser par ce que nous propose la démocratie : l'intégration de la liberté et de l'égalité dans les relations politiques, économiques et sociales des jeunes avec le restant des hommes. La démocratisation est aussi celle des institutions, des entreprises, de la propriété ... qui se doit de devenir un processus qui intègre ces jeunesses, en mettant devant le fait accompli ces systèmes qui divisent par crainte que la jeunesse développe une conscience de classe. Des idées qui sont qualifiées d'audacieuses vu le conformisme régnant, mais élaborées par des esprits libres qui doivent ébranler tant d'intérêts en exigeant l'espérance avec courage. Un idéal qui doit unir la jeunesse face à l'exclusion qui s'exprime parfois dans la douleur comme le montre la situation des diplômés chomeurs face au Parlement ou les contraintes des réformes gouvernementales sur la jeunesse française. "Le courage, c'est d'aller à l'idéal en comprenant le réel" (Jaurès) ; "c'est de chercher la vérité et de la dire et ne pas subir la loi du mensonge triomphant"(Benbarka). Le courage c'est d'exiger les formes qui assureront le passage de l'ordre existant à l'ordre nouveau, sans laisser la maîtrise de l'avenir à ceux qui perpétuent la gestion de particularismes matérialistes sans réelle influence sur la construction du durable. Une jeunesse qu'on ne peut continuer de lui offrir l'exil ou l'extrêmisme et lui imposer de s'autosatisfaire d'une certaine idée du matérialisme économique, car elle n'acceptera pas que l'influence sur l'Histoire soit une affaire de grands et de puissants. L'utopie ayant transformée des sociétés ne peut être la cible de l'idéologie néo-libérale qui réduit le rêve à un instinct basique éloigné de toute construction intellectuelle ou rationnelle. Le courage et l'audace étant les traits d'une jeunesse qui se lève malgré la prudence enseignée par certaines déceptions, doivent donc permettre aux forces nouvelles d'oeuvrer pour la démocratie et l'universel classe d'une génération solidaire. Hommage donc aux jeunes pour leurs tendance vers la grâce et leurs resistance contre la pesanteur ... des positions qui s'inscrivent dans un idéal justifié par l'Histoire.