vendredi 31 octobre 2008

La refondation de la mondialisation nécessite un retour de l’histoire

Dans la crise que traverse la mondialisation, les analystes néolibéraux ont troqué la rigueur scientifique par l’argumentaire militant et confirment que l’intervention de l’Etat est responsable de la situation économique mondiale. Une chose est sûre, c’est que l’objectivité est confrontée à une réflexion déterministe qui confirme que l’interventionnisme s’inscrit dans une logique non-économique. Ce faux postulat est une conséquence de la période post-bipolaire qui a décrété l’organisation capitaliste des sociétés. Les abus qui ont accompagné « cette vérité », tant aux niveaux géopolitique qu’économique, ont véhiculé certains biais qui ont construit l’illusion de la nocivité de l’Etat jusqu’à l’appel à son démantèlement. Le fond du clivage, lié à la problématique de la concentration de la richesse, à savoir la traduction du monopole par la collectivisation ou l’individualisation du capital, a évolué vers le débat du plus ou moins d’Etat ou de marché, laissant aux deux institutions le soin de répondre aux lectures déterministes de l’histoire. Toutefois, le libéralisme comme le nationalisme ont un rapport critique envers l’Etat et le marché et débattent sur les clauses de convergence de ces deux domaines de régulation. Le recul de l’Etat a permit la financiarisation du capitalisme qui déplace le capital d’une économie réelle vers une économie virtuelle. Partant des mécanismes productivistes à la spéculation sur les valeurs mobilières, l’économie a généré des codes de fonctionnements qui évoluent au sein d’une bulle financière, dans laquelle la juste valeur du produit occupe une position marginale dans l’évaluation du prix et corrompt l’équilibre naturel entre l’offre et la demande, au-delà des interférences que peut générer la fluctuation naturelle du coût de production. Dans ce que vit l’économie mondiale, les USA ont une responsabilité qui dépasse les considérations militaires qui orientent les liquidités vers des gouffres budgétaires et renforcent la zone euro par l’adhésion des pays émergents. La déstabilisation du système économique, qui a commencé par la première crise boursière survenue après la chute du mur en 1997 (Faillite de la Russie et dépression du Sud Est asiatique), est le fait d’une politique américaine mêlant finance et géopolitique. Dans la crise actuelle, la variabilité des taux directeurs établis par la Fédéral Reserve, pendant le mandat d’Alan Greenspan, notamment en réponse aux crises du logement, a démontré les conséquences négatives du désengagement de l’Etat : les garanties publiques tacites couvrant les prêts immobiliers ont instauré la marginalisation du « risc managing » au sein des banques et mis en place la titrisation qui transfert le risque réel aux banques étrangères et l’inscrivent dans la virtualité économique. Ces cheminements ont sur-estimés la capacité de remboursement des crédits et extrait l’hypothèque de sa réactivité au marché de l’immobilier, causant par conséquent la crise des « subprimes », la faillite des ménages et par ricochet celle des banques (le cas de la Lehman Brothers). Ajoutant à cela le processus de dépénalisation de la vie économique qui influence le ratio-légis de l’ordonnancement libéral, le moins-d’Etat est donc clairement responsable du déclenchement de la crise financière. Toutefois, provoquant un « effet domino » allant de l’économie réelle aux enjeux politiques en passant par la question sociale, cette crise ramène l’Etat au centre de la régulation financière, place le politique en priorité par rapport au marché et œuvre pour le « retour de l’économie ». Ainsi la responsabilité de l’Etat est liée à son recul et non à son omniprésence dans les marchés, considérant la marge spéculative qui a remplacé l’absence de l’institution dans la régulation des intérêts collectifs, notamment illustrée dans le doublement du prix des matières premières causé par la bourse de Chicago et le « free ride » énergétique qui déclenche une insatisfaction alimentaire mondiale (25% de la production mondiale du maïs est dirigée vers l’industrie du biocarburant). La « banqueroute » des institutions financières est donc venue dénoncer les contradictions de la dérégulation et lever les soupçons d’irrationalité jetés par le marché sur l’Etat et même confirmer sa logique strictement économique : dans cette crise du capitalisme, qui n’apprend pas de ses difficultés cycliques depuis 1929 (le plan de sauvegarde du système financier de 1933, la gouvernance financière mondiale à l’issue des accords de Bretton Woods), les nationalisations forment une opération financière qui bénéficiera aux Etats dans le rachat de banques et d’assurances en difficulté, au-delà du rôle de sauvegarde du système financier (le Plan Polson) et de contre pouvoir à la concentration individualiste du capital. Le retour de l’Etat en économie confirme qu’entre le néolibéralisme, imposé par le discrédit du communisme, et le schéma soviétique, d’autres modèles sont possibles pour la déconcentration des richesses. D’une part la crise financière a confirmé le rôle de l’Etat dans la régénérescence même du capitalisme et le rétablissement d’une approche réelle et institutionnaliste de l’économie. Une gouvernance mondiale au niveau des politiques de concurrence, qui harmonise les législations étatiques et régionales (Clayton et Sherman Acts aux USA, la loi NRE en France et le dispositif européen), et de redistribution, est nécessaire à la résorption des crises et à la refondation de la mondialisation sur la base de mécanismes de décentralisation économique. L’encouragement public du tissu industriel de moyenne dimension, seul bassin durable de l’emploi, par rapport aux multinationales qui ne peuvent se maintenir dans la concurrence spéculative que par des politiques sociales restrictives, rétablit les équilibres financiers et les solidarités territoriales. D’autre part le besoin de déconcentration du capital et du travail est confirmé par l’évolution des espaces d’influence qui caractérisent l’architecture multipolaire de la nouvelle géopolitique mondiale. Le retour de la Russie, l’éveil de la Chine, la présence économique indienne, le nationalisme latino-américain, l’esquisse d’une politique étrangère européenne, la conscience méditerranéenne, la réorganisation rationnelle du sous-sol africain, la révision des enjeux militaires américains, instaurent un nouvel ordre mondial qui rétablit le clivage entre nationalisme et libéralisme et confirme un certain retour de l’histoire.

jeudi 23 octobre 2008

Lettre à M. le Ministre de la Justice du Maroc

La devise officielle du Royaume du Maroc est "Dieu, Patrie, Roi". Un lycéen de Marrakech, supporter du FC. Barcelone, a écrit au tableau de sa classe "Dieu, Patrie, Barça". Il fut poursuivi pour atteinte au respect dû au Roi par le Parquet de Marrakech.

Voici une lettre adressée au Ministre de la Justice du Maroc.

Cher Monsieur,

Un enfant, n'ayant pas acquis sa majorité, est victime de cet opium populaire qu'est le football. A défaut de pouvoir construire son identité à travers des repères nationaux que vous étiez censé véhiculer, Monsieur le Ministre, cet adolescent existe à travers ce qui lui parait de plus civilisé, de plus moderne et de plus puissant, le Football Club de Barcelone.

Un adolescent d'Anfa ou des quartiers huppés de Bayrout aurait tatoué "Barça" dans son biceps voire acheté la tenue officielle du club lors d'un passage par l'avenue Diagonal de Barcelone. Ce môme de sidi youssef benali ou de daoudiate, qui a choisi le Barça au lieu d'Alqaïda, a éventuellement commis le comble de l'hérésie en confondant, volontairement, une constante de la nation avec son équipe de foot favorite. N'y a t il pas une expression d'allégence subtile? Une façon d'exprimer la supériorité du club en le hissant au même rang que le Roi dans sa hiérarchie imaginaire?

Monsieur le Ministre, vous n'êtes pas juriste certes, mais le Parquet doit l'être et c'est de votre sceau de l'imposer.

Une infraction se constitue de ce qu'on appele l'élément intentionnel. Ce mineur a t il eu l'intention de manquer au respect dû au Roi? était il déterminé pour le faire? quels sont les éléments objectifs dans cette affaire qui associent, dans une approche comparative, le Roi et le Barça dans l'imaginaire de ce jeune lycéen? le fait de traverstir la devise nationale, qui doit avoir sa propre qualification dans le code pénal, doit-il systématiquement être interpértée comme une atteinte à la propre personne du Roi? Est ce que la présomption d'innoncence, dans sa plus grande nuance dans le cadre des mineurs, est elle établie dans cette poursuite, alors que la détention provisoire a été maintenue?

Monsieur le Ministre, vous n'êtes pas juriste mais vous devez avoir le sens des formes. Est ce que politiquement ce genre de poursuites sert-il la Justice, Sa Majesté ou la Nation? c'est le verdict populaire qui vous répondra...et en silence certainement !

Omar Mahmoud Bendjelloun

mardi 19 août 2008

Le Monde Musulman se dirige-t-il vers un « ordre islamique » ?

Contrairement à l’occident, c’est la religion, ciment sociologique d’une population cosmopolite, qui édifie l’architecture de l’Etat-nation en territoire musulman (dar al islam). Révolutionnaire par rapport aux circonstances de son avènement, l’Islam élabore une approche dualiste dans l’organisation des croyants : Une relation verticale entre les populations et le créateur, basée sur la communion et la justice, et un rapport horizontal, fondé sur le «droit des gens», entre les composantes de la société. Ce schéma devient un modèle d’organisation multidimensionnel qui dissout le communautarisme dans la «oumma». Confronté à la colonisation, le «monde musulman» a connu les premières tensions d’ordre philosophique qui, en représentant les indicateurs d’une bonne santé civilisationnelle, provoquent un dédoublement entre l’Etat-nation et le modèle impérial. L’origine de ce conflit est la réaction d’une identité à l’égard des «valeurs de l’occupant», considérant que les mouvements de libération se sont appuyés sur l’Islam à défaut de s’inscrire dans un processus idéologique historicisé. Ainsi l’élaboration d’une synthèse doctrinale associant les influences modernistes est restée sensible à l’idée transnationale sans atténuer les contradictions de l’organisation sociale. Au niveau de l’opinion, acquise au slogan de «l’indépendance d’abord», aussi bien le marxisme que le fondamentalisme, les branches philosophiques que les disciplines de théologie, ont eu des incidences sur la classe intellectuelle. Au niveau de la gouvernance, «l’Etat moderne» est confronté à l’ordre musulman, considérant que l’influence légale-rationelle au sein des consciences collectives se confronte aux espaces traditionnels débarrassés de la pensée musulmane. L’affrontement entre deux paradigmes amène à la conclusion suivante : L’illégitimité de l’«Etat occidental» aux yeux des populations et la non-conformité des structures coutumières à l’ordre politique mondial ont secrété une sclérose qui a nourri l’idée de l’échec des indépendances. Le contexte bipolaire, qui a imposé la distinction entre régimes socialistes et pro-occidentaux, a fait de l’abdication des armées arabes face à Israël, de l’intervention soviétique en Afghanistan, de la révolution iranienne ou même du génocide bosniaque, autant d’évènements qui ont accentué la crise existentielle musulmane qui s’alimente d’une transposition émotionnelle sur la réalité du sous développement. Ainsi le nationalisme arabe se transforme en «panislamisme» dans le territoire musulman, espace méditerranéen historique qui s’étend de l’Atlantique à l’Iran. Dans cette délimitation, la prise en compte des connexions théologiques, politiques et armées est nécessaire à la compréhension de ce processus. Selon chacun des pays arabes, au pouvoir comme à l’opposition, les mouvements fondamentalistes, courroies de transmission du «nouvel ordre musulman», furent appuyés par l’ «occident» qui assumait une «guerre contre le communisme» : Le Hamas contre le Fatah ou le FPLP, les Talibans contre l’armée rouge, les frères musulmans contre Nasser, la «jeunesse islamiste», organisation fondatrice du Parti Justice et Développement, contre la gauche marocaine etc. Les guerres du Golfe, caractérisant le début du nouvel ordre mondial et la chute du communisme, incarnent une seconde «Nakssa» et l’ébauche d’une structuration de la nébuleuse islamiste qui bénéficie d’un héritage logistique et relationnel légué par les USA. Le conflit qui plaçait le marché et le nucléaire au centre de la priorité s’est transformé en guerre énergétique déclarée sur un fond de tension religieuse. Le passage du bipolarisme à la globalisation a donc incité le fondamentalisme à se structurer sous forme d’une organisation transnationale à caractère polycentrique, véhiculant un horizon particulièrement complexe : Procédant à un renversement par l’adoption de l’anti-américanisme comme instrument d’agitation de l’opinion et en s’appropriant la légitimité religieuse, le fondamentalisme investit l’espace du sous développement en se hissant au rang «d’entité politique» et en provoquant certains bouleversements importants : Alors que toute transformation politique a eu son «fief révolutionnaire» (le Yenan de Mao, Médine du Prophète Mohammed), le fondamentalisme affiche un éclatement prémédité qui met en cause les canons de la stratégie politique et militaire. Ayant tenté le régicide contre les USA à travers les symboles de sa puissance, le fondamentalisme veut donc réagir au nouvel ordre mondial par un «ordre islamique» au sud de la méditerranée. La standardisation de l’opinion musulmane, la capacité d’action subversive, les connexions financières, tribales et politiques avec certains régimes arabes, démontrent qu’il y a une forme d’allégeance à la poussée islamiste comme issue illusoire à la réalité socio-économique et politique du monde musulman. Par conséquent, l’acceptation du «panislamisme» parmi la population pourrait amener à l’effritement progressif de la légitimité des modèles étatiques en voie de démocratisation. Dans un éternel essai de «maîtriser» le texte et d’aliéner le droit de l’Islam à s’ouvrir à la science, le fondamentalisme construit une conscience qui favorise la rupture de la religion avec sa dimension interprétative et l’oriente vers un formalisme moralisateur. Les positions politiques des régimes en place, relativement à l’équilibre entre modernité et tradition, au processus démocratique, aux causes arabes, aux sécrétions institutionnelles liées à la corruption et à la crise des valeurs, font que les notions «d’unité musulmane» mettent ces régimes devant leurs responsabilités. Pris entre le processus unitaire de l’Europe et l’union méditerranéenne qui récupère l’entrée de la Turquie dans le «vieux continent», les Etats musulmans paraissent en décalage par rapport aux conjonctures continentale et mondiale. L’inaction des institutions régionales et l’incapacité de libérer les espaces économiquement pertinents (Maghreb, Monde Arabe) appuie le fondamentalisme dans la mise en place des conditions de construction de l’«ordre islamique» en s’organisant sous une forme d’action binaire : D’une part des groupuscules prônant le «salafisme» comme idéologie et mobile d’action ; et d’autres part des partis et des associations, n’ayant pas de liens apparents avec le terrorisme, qui agissent dans les marges démocratiques mises en œuvre par les courants modernistes. Le fondamentalisme pénètre ainsi les institutions, la jeunesse, les espaces de solidarité en préservant son outil de pression armé face aux idéologies concurrentes (démocratie, état de droit, socialisme, libéralisme). Le front légaliste du fondamentalisme étouffe ainsi l’évolution des pays arabes vers l’«Etat de droit», notamment par la provocation de réactions policières de l’Etat, mais essentiellement par la présentation de l’Islam à l’examen de l’urne. Préparant les conditions de radicalisation de la société, l’opération électorale devient un référendum qui met à l’épreuve l’adhésion du «peuple musulman» à sa propre religion, dont le rejet serait considéré comme une hérésie. Le fait que le wahhabisme a pu intégrer le culte officiel, que les courants progressistes connaissent un recul doctrinal et que les mouvements fondamentalistes se substituent au pouvoir dans plusieurs secteurs de la vie publique, le «monde musulman» compose ainsi avec le risque d’une réaction violente à l’égard du sous-développement par une population peu rompue à l’idée démocratique. Cette « bombe à retardement » est accompagnée d’une idéologie de la résignation qui s’inscrit dans l’objectif de dénoncer l’ordre établi par une forme de désobéissance civile (Qawma dans la terminologie fondamentaliste). Alors que la population fut marquée par un espoir d’émancipation suite aux indépendances, l’islamisme politique, même en perte de vitesse dans le rapport de domination international, a pu accélérer l'adhésion collective au fondamentalisme dans une réalité qui pèse sur la capacité de résistance des populations, et qui place la thèse du «nouvel ordre islamique» dans une approche prospective.

dimanche 20 avril 2008

Aimé Cesaire et la négritude

La mort d'Aimé Césaire, le poète et homme politique martiniquais, a bouleversé la francophonie. Pour ma part, c'est à la faculté de droit de Nice qu'un ami, doctorant en littérature, m'a sensibilisé sur cet homme de lettres engagé, et a pu naturellement attirer mon adhésion au discours "anti-colonial" de celui qui a élaboré la notion de "négritude". Acolyte de Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire était de ceux qui ont rendu la dignité au "peuple noir". Sans véhiculer une idéologie extrême à ce sujet, comme l'aurait prôné les "panthères noires" ou encore les révolutionnaires africains, ce poète de la dignité a imposé le débat, intelligemment, sur le déficit de l'humanité quant à l'homme africain. Alors que l'esclavagisme, l'épuration, le colonialisme, le racisme, le mépris ont dominé ces populations, alors que d'autres font le commerce du pardon et de la victimisation, Aimé Césaire était de ceux qui ont influencé les consciences dans le sens de la réalité historique et sociale noire en donnant vie, à l'intérieur du monde occidental, aux valeurs des droits humains. "La négritude c'est le droit d'être noir", ou encore la conception mobilisatrice unitaire des populations noires qui ont connu une migration à marche forcée ou choisie. Aimé Césaire, qui disait dans son "texte anticolonial" que "toute civilisation qui ne maîtrise plus ses modes de fonctionnement est vouée à la décadence", fut à la recherche d'une civilisation noire...et trouvera éventuellement le juste mot pour décrire une autre civilisation géographiquement limitrophe, la civilisation arabo-musulmane.

jeudi 10 avril 2008

La jeunesse 40 ans après mai 68

La démocratisation c'est l'intégration de la liberté et de la justice dans les relations politiques, économiques et sociales des jeunes avec le restant des hommes. Le fait de saisir son destin en tant que classe, de combattre l'oppression avec courage ou de confirmer son attachement à l'évolution vers la démocratie, fut-il un acte d'ensemble issu d'une philosophie à utopie prononcée ou la réaction d'une jeunesse par rapport à un conformisme hérité d'une organisation sociale inadaptée au développement de la pensée? La jeunesse a répondu, durant ce siècle, par une spontanéité invitant l'observateur à élaborer différentes conclusions, ne pouvant éviter celle qui confirme que la nature, sinon le déterminisme, hisse les générations qui se lèvent au rang de conscience de l'humanité. Parmi les différentes interprétations, cet enthousiasme anti-conformiste s'est manifesté par l'action en faveur de la démocratie. Instituer la démocratie, c'est réussir le fait que les hommes puissent tracer eux-mêmes la règle commune de leur action, conciliant la liberté et la loi, le mouvement et l'ordre. C'est de faire en sorte que, malgré les tares d'une histoire non commune, d'une mémoire peu collective, les gens puissent croire en une loi commune, ne cherchant jamais dans une dictature une trêve et un lâche repos. Instaurer la démocratie, c'est proclamer que les citoyens auront assez de liberté et d'espoir pour s'occuper de la chose commune. Et si cette démocratie voit le jour à travers des régimes répressifs, c'est que nous assurons le postulat de son adaptation aux conditions d'un monde qui se globalise au prix de ne point prendre en compte l'évolution parfois anormale des peuples. Oui, la démocratie est un grand acte de confiance et en même temps d'audace, de sacrifice et de courage. L'essai en était si audacieux que les jeunesses, il y a quelques décennies à peine, ont révolutionné le monde en écartant l'idée de la fin de l'Histoire. Que serait donc notre réalité sans le printemps de Prague, le 22 mars 68, la résistance palestinienne, la révolution cubaine, la chute de l'Apartheid et ces moments où la jeunesse a influencé le cours de l'Histoire? Ce ne fut ni des rêves idylliques ni vains, mais une foi en la justice, issue d'une idée construite sur un sentiment d'injustice qu'on veut dépasser par ce que nous propose la démocratie : l'intégration de la liberté et de l'égalité dans les relations politiques, économiques et sociales des jeunes avec le restant des hommes. La démocratisation est aussi celle des institutions, des entreprises, de la propriété ... qui se doit de devenir un processus qui intègre ces jeunesses, en mettant devant le fait accompli ces systèmes qui divisent par crainte que la jeunesse développe une conscience de classe. Des idées qui sont qualifiées d'audacieuses vu le conformisme régnant, mais élaborées par des esprits libres qui doivent ébranler tant d'intérêts en exigeant l'espérance avec courage. Un idéal qui doit unir la jeunesse face à l'exclusion qui s'exprime parfois dans la douleur comme le montre la situation des diplômés chomeurs face au Parlement ou les contraintes des réformes gouvernementales sur la jeunesse française. "Le courage, c'est d'aller à l'idéal en comprenant le réel" (Jaurès) ; "c'est de chercher la vérité et de la dire et ne pas subir la loi du mensonge triomphant"(Benbarka). Le courage c'est d'exiger les formes qui assureront le passage de l'ordre existant à l'ordre nouveau, sans laisser la maîtrise de l'avenir à ceux qui perpétuent la gestion de particularismes matérialistes sans réelle influence sur la construction du durable. Une jeunesse qu'on ne peut continuer de lui offrir l'exil ou l'extrêmisme et lui imposer de s'autosatisfaire d'une certaine idée du matérialisme économique, car elle n'acceptera pas que l'influence sur l'Histoire soit une affaire de grands et de puissants. L'utopie ayant transformée des sociétés ne peut être la cible de l'idéologie néo-libérale qui réduit le rêve à un instinct basique éloigné de toute construction intellectuelle ou rationnelle. Le courage et l'audace étant les traits d'une jeunesse qui se lève malgré la prudence enseignée par certaines déceptions, doivent donc permettre aux forces nouvelles d'oeuvrer pour la démocratie et l'universel classe d'une génération solidaire. Hommage donc aux jeunes pour leurs tendance vers la grâce et leurs resistance contre la pesanteur ... des positions qui s'inscrivent dans un idéal justifié par l'Histoire.

De la transformation du principe de la démocratie

Dans la relecture de Platon, Montesquieu ou Alexis de Tocqueville, la pensée finit par relever les tentatives des populations à harmoniser des valeurs, parfois éloignées, au sein d’institutions et de philosophies de pouvoirs unifiées. La démocratie, notion universellement reconnue comme alternative à la réalité des peuples, était donc au centre de l’essai et continue de l’être en s’érigeant en expression moderne du contrat social. Son évolution, entre déclin et renouveau, permettra inévitablement de répondre aux interrogations du temps à savoir la nation et la citoyenneté. Les composantes de la démocratie connaissent une crise de valeurs et d’ajustement lorsqu’on observe l’affaiblissement du mécanisme de régulation qui équilibre entre liberté et égalité. L’abus de liberté et la perte d’égalité permettent aux élites d’occulter leurs vices en propageant l’anomie au sein de la cité. La corruption allant jusqu’à ce que les suffrages se donnent pour de l’argent devient la dynamique destructrice du fondement même de la démocratie. Montesquieu avait confirmé que l’inégalité qui mène à la fatalité de la juxtaposition de classe voire au despotisme, et l’esprit d’égalité extrême qui conduit à la dictature, sont les vecteurs de la corruption du principe de la démocratie. Cette dérive amènera t elle la philosophie politique à banaliser l’extermination d’une moitié du genre humain et la rééducation de l’autre ? Tocqueville décrit ce stade suprême comme une dictature douce de l’opinion publique qui représente l’age de l’homogénéité des sentiments, des idées et des valeurs, qui soumet les citoyens à la fatalité de la puissance issue de leur propre consentement mutuel. Ce constat place l’opinion publique et l’Etat en contradiction équilibrée permettant la continuité de la domination mais en revanche propulse l’individualisme parmi les peuples et une notion de l’autorité qui se gorge de responsabilités plus que de pouvoirs. Ainsi l’effritement des sociétés déclenche une lutte pour les privilèges et une concurrence qui se préoccupe de moins en moins de l’équilibre général au sein du modèle démocratique. Dans l’alchimie entre égalité et liberté, l’affirmation individuelle prend le pas sur l’appartenance national. C’est au sein de ces contradictions que se pose la problématique du devenir de la démocratie. La corruption de la démocratie et l’émiettement de la société provoquent des dérives sociologiques liées à l’identité et à la morale, qui sont une exigence légitime qui cesse de l’être quand la fidélité à l’identité collective l’emporte sur les valeurs démocratiques en confirmant les inégalités et l’intolérance. Cette appartenance extra nationale s’inscrit dans « le moralement correct » par rapport à la confirmation identitaire et veut réunir morale et politique au sein de l’Etat et de la société. En amont de ce qui se produit dans le totalitarisme, la réunion s’organise sous l’égide de la bonne conscience : A la reconnaissance de la pluralité se substitue une tentation de faire régner le « bien » en faisant la négation de l’autonomie du sujet. L’individu n’a plus le droit social d’exercer son jugement puisque les transgressions du « moralement correct » seront stigmatisées et les peuples se voient privés de leur souveraineté par le fait que le droit d’ingérence d’une certaine conception de l’ordre moral se présente comme l’incarnation du « bien » à imposer aux autres par la force. Les dérives identitaires et moralisatrices ont pour particularité commune de procéder de la nostalgie d’un état antérieur, possédant une morale publique, dans lequel les liens de communauté étaient plus forts. Ces déviances endogènes débouchent sur une autre dérive qui est à caractère instrumental, spécifique aux sociétés démocratiques ou en voie de démocratisation. Cela concerne les moyens devant conduire à un objectif sans jamais s’interroger sur sa légitimité. Ce serait le fondement d’une réflexion nouvelle sur le rôle du processus de démocratisation dans la résolution des interrogations qui animent l’action politique au XXIième siècle, notamment dans l’élaboration d’une citoyenneté qui impliquerait la construction d’un espace public dans lequel les sociétés organiseraient des institutions et un domaine politique commun. Il est donc opportun de raisonner en dehors du cadre de la citoyenneté « classique » qui s’est élaboré au sein des nations pour reconsidérer les moyens qui nous permettront d’échapper à l’aliénation existentielle qui permet à l’idéologie fondamentaliste de prendre en otage les valeurs qui composent la nation et son organisation démocratique.

mercredi 9 avril 2008

pour une troisième voie politique

Notre objectif est de présenter un diagnostic de ce que nous sommes en tant que mouvement pluriel à travers une évaluation indépendante des influences qui nous conduisent à un avenir incertain. Afin de proposer des orientations conformes à nos aspirations progressistes, l’approche méthodique de cette contribution veut cristalliser les dimensions de l’action politique et proposer des alternatives qui prennent en compte les capacités réelles du mouvement. Le choix de la rupture, qui s’inscrit dans une logique globale de transformation, est-il cohérent avec une approche traditionaliste du pouvoir et une utilisation optimale de notre position d’avant – garde ? Le choix de la participation, qui s’inscrit dans une logique post – démocratique, est – il en rapport avec l’objectif de transformation ? Pouvons nous intégrer une lecture uniforme de l’histoire du mouvement dans l’analyse de la conjoncture actuelle ? Serions – nous contraints à une approche binaire qui permet au choix politique d’osciller entre la rupture et la participation ? Répondre à ces questions se veut la proposition d’une voie politique nouvelle qui amènera à la reprise du processus démocratique et entraînera à fortiori la refondation du mouvement socialiste. Avant d’envisager cette refondation et de penser la troisième voie politique il est nécessaire de faire une sélection des temporalités historiques qui marquent la gauche marocaine dans sa relation avec le pouvoir et la population. Les instants conséquents qui ont influencé le Maroc moderne portent une forte charge idéologique et politique qui explique l’évolution du mouvement en trois périodes importantes : Celle de la création, caractérisée par le passage de la participation à la rupture ; de l’opposition, abandonnant la révolution pour adopter la ligne de la réforme ; et du rapprochement avec le pouvoir dont la traduction va de l’entrisme à la participation. Une évolution qui traduit la mutation de la gauche par rapport à ses choix politiques. Etant la matrice du mouvement socialiste, l’USFP a rompu avec l’«option révolutionnaire» et clarifié ses références par rapport aux tendances idéologiques qui cohabitaient au sein du parti. Cette démarche lui a permit de se libérer du piège qui l’enfermait entre le socialisme occidental, nourri par la sociale démocratie ou le marxisme – léninisme, et le socialisme panarabe. Le cap sur une lutte démocratique suite au congrès extraordinaire de 1975 voulait permettre aux masses populaires et aux élites économiques et intellectuelles de s’unir autour d’un projet socialiste accompagné d’un apaisement de la relation entre la gauche et le régime. Mais le passage de la révolution à la réforme intervient dans un contexte marqué par l’ouverture anarchique de l’économie, l’instabilité du cours des matières premières, l’appauvrissement des classes moyennes et une psychologie collective noyée dans l’existentialisme religieux. L’USFP évoluera entre la tentation de la participation, la réalité fondamentaliste et le spectre de l’usure et de la disparition. Cette réalité imposera les tractations qui ont coûté à l’USFP son effritement au service d’une fonction politique électoraliste qui subie la réalité d’un environnement peu rompu à l’idée démocratique. L’argument central de l’adaptation de l’USFP à cette réalité sera celui de la nécessité de participer au gouvernement pour faire avancer le processus démocratique et répondre à la crise socioéconomique. Le choix de la participation d’une partie du mouvement socialiste sera à la fois la conclusion d’une période de l’histoire et le commencement d’un cycle politique nouveau. Les indicateurs de développement et d’évolution démocratique ont prouvé que l’improvisation de la participation gouvernementale a mené à l’impasse politique et consacré les mouvements fondamentalistes en ébullition depuis la fin des années 60. Seules des avancées dépassant la pluralité du mouvement socialiste atténueront cette réalité par la présence d’un espace de liberté et la sensibilisation vis à vis du devoir de mémoire. Mais l’état d’avancement de la démocratie ne peut se contenter de ces aspects alors que les fondements de notre nation sont encore confrontés à l’anomie et au féodalisme. Le choix de la participation ne s’est pas doté d’un positionnement politique d’envergure comme le fut le passage de « l’option révolutionnaire » à la « stratégie de la lutte démocratique ». Cette improvisation a laissé dans l’expectative la mouvance progressiste, étouffé la « confiance » nécessaire à l’engagement et donc esquissé la nouvelle donne nationale : Une vie politique partagée entre la monarchie et le fondamentalisme religieux qui enfonce le discrédit de la gauche notamment par les manifestations de son auto - destruction. Cette réalité fut accélérée par la manipulation des mouvements islamistes dans le combat contre la gauche, par la floraison des branches théologiques dans les universités, par l’influence saoudienne sur la structuration du culte officiel, par la réalité de l’exercice du pouvoir, par le recul doctrinal de la gauche et le manque de courage intellectuel vis-à-vis du fondamentalisme religieux, par la substitution des mouvements islamistes à l’Etat dans le domaine social, par la situation interne des partis de gauche participants ou non aux gouvernements et enfin par les retombées de la déstabilisation du socialisme international. Nous pouvons aussi observer l’existence d’une opinion publique, dont nous nions ou sous-estimons l’existence, qui adhère au fondamentalisme religieux et boycotte l’opération électorale (boycott effectif ou votes corrompus). Ce constat confirme l’existence d’une conscience collective, malgré son apparence non structurée et démissionnaire, qui défie la suprématie des valeurs matérialistes et la marginalisation socioéconomique. Cette position vis-à-vis de la politique est une réaction à une illusion d’inexistence de la nation et donc à l’inutilité de s’investir pour le commun. Cette posture présente un caractère de résignation qui réagit à l’échec du développement et alimente une culture de «l’illégitimité» de toute structure productive pour dénoncer implicitement l’ordre établi. Ce serait autant d’indices qui peuvent être perçus comme l’expression de la désobéissance civile, ou «la Qawma», prévue par les principaux mouvements fondamentalistes, et donc une allégeance de fait au panislamisme. Cette réalité illustre à fortiori l’échec de la traduction binaire de «la lutte démocratique» qui s’est manifesté par une stratégie de rupture ou un choix de participation. Les deux interprétations se sont construites sur l’argument de «blocage» et ont conduit à une crise au sein du camp démocratique en provoquant une fracture au niveau de l’espoir populaire. La conjoncture impose donc une réflexion de fond quant aux moyens de parvenir au rétablissement de la confiance entre la démocratie et la population et mettre le mouvement socialiste sur une troisième voie politique. Devant cette réalité complexe et les enseignements historiques qui cadrent cette analyse, la «stratégie de la lutte démocratique» continue d’être la solution. Entre son interprétation radicale de rupture et sa traduction réductrice de participation, une troisième voie pourrait être conforme à son esprit initial et répondre aux enjeux contemporains. Une troisième voie qui dicte l’adoption d’une politique de vérité par la demande préalable d’un droit d’inventaire. Les différents choix du mouvement socialiste ont participé à la transition de la monarchie et l’instauration d’une marge de libertés publiques qui doivent aboutir à la transition démocratique définitive. Par conséquent, convaincus de la priorité du développement politique par rapport à la croissance économique, le mouvement socialiste, pluriel et saturé par des choix politiques extrêmes, devra prendre la voie de sa refondation politique, morale et organisationnelle. L’idéologie socialiste, de sa lecture sociale-démocrate à son analyse scientifique ou réelle en passant par son actualisation alter mondialiste ou sociale libérale, ne saurait être l’élément fondateur de l’autocritique que mène le mouvement. Le manque de confiance en la démocratie, en la gauche, en la nation, n’est pas du au fait que le mouvement soit d’inspiration «socialiste», mais ce sont les conséquences de constats d’immoralités qu’ont secrété certains exercices publiques aux yeux d’une population fondamentalement conservatrice. Pouvons nous alors accepter l’évidence d’un avortement de la lutte démocratique ? Pouvons nous croire à l’actualisation de cette forme de lutte dans la rupture avec son interprétation binaire ? Avons-nous les moyens de trouver la troisième voie politique et continuer d’agir sur l’évolution du Maroc ? Pourrions nous résister à la déviance de la nation vers un fondamentalisme primaire et une érosion annoncée ? Ces interrogations s’inscrivent dans un contexte marqué par l'accélération de l'offensive du féodalisme et du fondamentalisme, d'autant plus que la gauche ne lui oppose plus de résistance et d'alternatives crédibles. La droite, réactionnaire et islamiste, est parvenue à proposer une nouvelle hégémonie culturelle, assurant sa domination par la conjugaison du laisser-faire économique avec les nouvelles constructions identitaires supranationales. Ce modèle politique, qui s’appuie sur la technocratie en tant que négation de l’outil idéologique pour la résolution des crises, se retrouve aussi dans le contenu des programmes de gauche. Cette ligne a mené à l’adhésion implicite du mouvement socialiste au féodalisme en tant qu’expression malsaine du modèle libéral. Elle impose la remise en cause du processus démocratique en amalgamant l’avancée vers la sociale - démocratie avec l’acceptation d’une réalité socioéconomique de type archaïque. A titre d’exemple, quant à cette adhésion inconditionnelle, nous pouvons citer l’abandon des revendications démocratiques en échange de vagues notions de «méthodologie démocratique» et de «respect des mœurs constitutionnels». Un choix qui n’appuie que l’institutionnalisation de l’ordre établi considérant que ce sont des pratiques coutumières qui sont en dehors de la notion d’Etat de droit. Autant d’indices de résignation qui risquent de condamner le pays au recul démocratique ou au basculement fondamentaliste. Alors que la population fut marquée par un espoir d’émancipation, la conduite d’une partie de la gauche au pouvoir n’a pas empêché les forces réactionnaires d’accélérer le rythme d'implantation de leurs idéologie dans une réalité qui pèse sur la capacité de résistance des populations. Par conséquent, l'enjeu pour le salariat, les classes moyennes et la bourgeoisie nationaliste, c'est que l'union des socialistes puisse rassembler autour d'un projet fédérateur sur les questions de pouvoirs, de démocratie économique, de laïcité et de modernité. Cette unité devra accentuer les valeurs socialistes dans notre héritage civilisationnel et défendre une orientation identitaire qui réconcilie le citoyen avec la chose publique. Conforter cette implication ne peut se faire que par la construction de la démocratie dont la réalisation dépend prioritairement de l’union de ceux qui l’ont porté et continueront de la défendre. L'union des gauches est donc indispensable et se doit de construire le clivage représentatif des sensibilités populaires et imposer la transparence politique pour faire renaître la confiance en la nation. Liés par des intérêts de classe ou une cohérence idéologique, aussi bien le féodalisme que le fondamentalisme peuvent se structurer en pôles politiques conséquents. Cela interpelle aussi bien le courant libéral moderne, qui devra se structurer autour d’une élite politique et intellectuelle, que le mouvement socialiste qui devra dépasser son apparence de déclin pour prouver sa capacité de transformation. Ainsi la gauche a un rôle historique de résistance face au modèle féodal triomphant et au fondamentalisme religieux qui se positionne en solution finale. La dynamique unitaire devra dépasser la tentation quantitative qui amène à la tolérance des forces islamistes ou des tendances féodales, car ce ne sont que les sécrétions de considérations numériques qui ont biaisé un processus d’unification qualitatif fondé sur des thématiques de mobilisation et un socle historique commun. Une fois enclenchée, cette dynamique tend naturellement vers l’homogénéité à travers la mise en œuvre d’une alternance générationnelle qui rompt avec les formules de «gauche plurielle» réduite entre appareils sans intervention populaire ni consistance politique. Les socialistes doivent donc contribuer à créer au plus vite les conditions d'un rassemblement pour construire la polarisation, instaurer le clivage idéologique et le respect de la volonté populaire, et trouver les ressorts d'une action de transformation sociale durable, constante et résolue. Nos fondements idéologiques, qui vont de la question locale à la considération globale, devront rassembler la population notamment par un travail de proximité qui s’acquière des moyens d’actions humains, financiers et institutionnels et des connexions organisationnelles nécessaires. La gauche devra assumer une innovation permanente et un activisme intellectuel continu sur les interrogations du moment, notamment la confrontation du fondamentalisme religieux, la contribution doctrinale à l’identité nationale et l’implication dans les questions territoriales et continentales. Ce seront autant de résultats qui redonnerons au camp démocratique la posture nécessaire pour revendiquer la réforme institutionnelle et les mécanismes réels de développement et de modernité. Ce seront les éléments qui rendront à la dialectique progressiste son aura afin de résister à l’obscurantisme, fonder la nation sur la base d’un ordre démocratique et alimenter la nouvelle voie politique sans céder au participationnisme ni être tenté par la rupture.